Je vis à Dhaka, la capitale du Bangladesh. Avant 2012, je n'avais pas l'intention de devenir photographe, mais cette année-là, j'étais sans emploi et j'ai passé du temps avec un ancien collègue qui avait un appareil photo reflex numérique. J'ai été stupéfait de voir comment, en prenant une photo avec un reflex numérique, une personne à la peau foncée pouvait paraître presque blanche !

La communauté des photographes en ligne était en plein essor au Bangladesh, et mon ami m'a demandé de me joindre à lui pour une promenade photographique à Dhaka, même si je n'avais pas d'appareil photo. J'ai beaucoup apprécié ces promenades. Un soir, je traversais le pont Hatirjheel et j'ai vu un magnifique coucher de soleil. J'ai pris une photo avec l'appareil de mon téléphone. Lorsque je l'ai partagée sur Facebook, j'ai reçu beaucoup de réactions positives, ce qui m'a incité à prendre d'autres photos.

Plus tard, vers la fin de l'année 2013, j'ai découvert ce qu'on appelle la photographie de rue. J'ai commencé à me promener dans le quartier où je vivais et à prendre des photos dans la rue, toujours à l'aide de mon téléphone. Lorsque mon ami avec le reflex numérique m'a demandé si je voulais le rejoindre pour suivre des cours de photographie, j'ai accepté et nous avons donc rejoint la plus ancienne école de photographie du Bangladesh, appelée Begart Institute of Photography.

Oui, c'est exact. J'ai contacté notre professeur Imtiaz Alam Beg, qui est l'un des pionniers de la photographie musicale au Bangladesh, et je lui ai demandé si je pouvais rejoindre l'école même si je ne pouvais pas payer les cours et que je n'avais pas d'appareil photo. Il m'a dit que je pourrais le payer plus tard, et j'ai emprunté un appareil photo aux autres étudiants de l'école lorsqu'ils ne l'utilisaient pas. Les cours ont duré quelques mois, et c'est là que j'ai appris comment rendre une photo intéressante, ce qu'il faut inclure et ne pas inclure dans la photo.

Mon appareil photo principal est un Canon 550D que j'utilise avec un objectif fixe de 18 mm, ce qui équivaut à un objectif de 28 mm sur un appareil plein cadre. J'utilise un objectif large car j'aime m'approcher des gens, ce qui crée un lien entre le photographe et la personne photographiée. En même temps, l'objectif large me permet d'inclure plus d'informations dans le cadre.

Dans le sous-continent, au Bangladesh et en Inde, les gens sont très amicaux. Ils demandent parfois pourquoi vous les avez pris en photo, mais ils ne se fâchent jamais. Je leur dis toujours que j'ai quelques jours de congé et que je me promène pour prendre des photos. Je leur dis également que j'aime leur apparence, mais que je ne prendrai pas de photos s'ils ne le souhaitent pas. Cela fonctionne toujours.

Pas vraiment. En 2014, moi et l'un de mes meilleurs amis avons été parmi les premiers à faire de la photographie de rue à Dhaka. À l'époque, ce n'était pas très bien accepté car personne ne savait ce que nous faisions. Aujourd'hui, les choses ont changé et de plus en plus de jeunes apprécient la photographie de rue. Ce n'est pas encore un grand mouvement, mais il se développe.

J'ai entendu parler du festival par Dani Oshi, qui organisait le BSPF avant le BREEDBEELD. Cette année, c'était la deuxième fois que je participais au festival, et la première fois, j'ai terminé deuxième dans la compétition des séries.

J'aime le festival de Bruxelles parce qu'il apprécie beaucoup les séries, ce qui n'est pas le cas dans la plupart des autres festivals. À mon avis, il est beaucoup plus difficile de réaliser une bonne série de photos que de prendre une seule bonne photo, et Bruxelles le reconnaît. Le fait d'avoir gagné le concours me motive à continuer à photographier et à essayer de faire encore mieux la prochaine fois.

La série s'intitule "To be or not to be" (être ou ne pas être). L'idée de cette série est inspirée du "moment décisif" d'Henri Cartier-Bresson (le "bon" moment où tous les éléments d'une scène s'assemblent et créent une tension). Toutes les photos sont prises entre le début et la fin d'un événement. Si vous parcourez mes six images, vous verrez qu'elles soulèvent toujours la question : Que s'est-il passé ensuite ? Les photos parlent plus de ce que vous ne voyez pas que de ce que vous voyez. Pour ajouter au mystère, tout le monde, même le chien, est caché d'une manière ou d'une autre, ce qui soulève encore plus de questions.

Les photos ont été prises à une époque où moi et un bon ami formions un collectif de photographes. Nous prenions toujours des photos le matin, mais comme la lumière à Dhaka était très mauvaise à cette époque, nous avons décidé d'utiliser le flash. Nous avons eu de grandes discussions à ce sujet, car nous craignions que les gens ne se fâchent si nous utilisions le flash. Finalement, nous avons décidé de prendre le risque et de le faire. Tout s'est très bien passé. Non seulement le flash a permis d'atténuer le mauvais éclairage, mais il a aussi rehaussé les couleurs et permis au spectateur de voir plus de détails dans les photos.

Il est très important de visualiser à l'avance ce que l'on veut photographier. Dans la rue, vous n'avez que peu ou pas de contrôle sur ce qui va se passer ensuite, alors avant d'entrer dans une scène, vous devez essayer de la prévisualiser. Il se peut que la scène ne se produise pas à ce moment-là, mais peut-être plus tard, ou même un autre jour.

Deuxièmement : soyez très rapide et flexible afin de pouvoir réagir à des événements inattendus et prendre une bonne photo.

Enfin, pensez toujours comme un bébé lorsque vous prenez des photos dans la rue. Un bébé essaie toujours d'apprendre, il peut tomber en essayant de se tenir debout, mais il se relèvera et essaiera encore. Le jour où vous pensez tout savoir, c'est un mauvais jour dans votre vie.