J'ai grandi à Tucson, en Arizona, et j'ai étudié l'informatique à l'université d'Arizona. C'est là que j'ai découvert la photographie qui m'a vraiment influencé. J'habitais juste à côté du Centre For Creative Photography, une grande institution cofondée par le pionnier américain de la photographie Ansell Adams. Lorsque j'allais à l'école et que je n'avais pas assez d'argent pour m'acheter un appareil photo, j'allais là-bas et j'absorbais toutes les expositions gratuitement. J'habitais également à proximité de la galerie Etherton, fondée par Terry Etherton, qui entretenait des relations étroites avec des photographes tels qu'Alex Webb, Steve McCurry et Elliott Erwitt. Je me souviens être tombé amoureux de la photographie d'Elliott Erwitt et de ces autres photographes. Lorsque j'ai enfin pu m'offrir un appareil photo, je me suis lancé dans la photographie de mariage et d'événements. La photographie de rue m'intéressait beaucoup, mais je ne l'ai pas poursuivie à l'époque. Ce n'est que vers 2010 que je me suis vraiment immergé dans la photographie de rue. C'est à cette époque que j'ai quitté les États-Unis pour la première fois et que j'ai commencé à passer lentement du développement de logiciels à distance à la vie que je mène aujourd'hui, en voyageant et en photographiant à plein temps.

J'en ai fait connaissance sur Instagram et sur le web, car je suis attentif aux différents festivals de photographie de rue dans le monde. Bien que je n'aie pas pu le visiter physiquement, j'ai pu voir l'exposition virtuellement et c'était vraiment agréable de voir comment elle était organisée.

Un festival comme celui-ci est un excellent moyen de se faire connaître et de rencontrer des gens. Il est également intéressant de voir les autres travaux sélectionnés et de s'en inspirer, car il y a tellement de photos qui sont époustouflantes !

En 2020, je suis arrivé à Kyoto, au Japon, une semaine avant la fermeture des frontières. J'y ai passé les six premiers mois de COVID. À la fin de mon visa, je devais aller quelque part, mais les frontières se fermaient et des restrictions de voyage apparaissaient un peu partout. Mon mode de vie, qui consistait à être à distance tout le temps, est devenu très difficile. L'Égypte était l'un des endroits où je pouvais aller, car il n'y avait pratiquement aucune restriction. J'y suis donc allé et j'ai fini par passer quelques mois au Caire en 2020 et 2021, au cours de quatre voyages. Toutes les photos de la série ont été prises lors de ces voyages.

Les réactions à la photographie de rue sont très polarisées. Soit vous obtenez un "Non" très fort, soit les gens vous disent "Prends ma photo, prends ma photo". Mais même un "non" très fort peut se transformer en "oui" si vous savez comment gérer la situation. La plupart des habitants du Caire sont très chaleureux, mais il y a une certaine résistance. Ce n'est pas aussi grave qu'au Maroc ou dans d'autres pays d'Afrique du Nord, mais c'est loin d'être aussi facile qu'ici, en Inde, où je me trouve actuellement.

Je recherche des scènes qui m'intéressent, que ce soit d'un point de vue émotionnel ou humoristique. Je veux que l'image soit belle ou intéressante et qu'elle montre une certaine façon de voir. Parfois, l'image est drôle, parfois elle est un peu plus délicate et nuancée. J'aime construire une scène avec une variété d'émotions ou un mélange de choses qui se passent plutôt que de prendre une photo d'une seule petite chose. Et même si les photos peuvent sembler être des instantanés, elles ne sont généralement pas le résultat d'un seul clic. Je m'immisce généralement dans la scène lorsque je sens qu'elle a du potentiel. J'y entre et ils me remarquent évidemment, mais si la situation est suffisamment dynamique, ils ne se rendront plus compte de ma présence au bout d'un moment. À partir de ce moment-là, j'attends que le moment opportun se produise, et il s'agit souvent d'un moment insolite ou d'un moment qui me fait sourire.

Le titre "Le Caire : Une belle chose n'est jamais parfaite" est emprunté à l'ancien proverbe égyptien : "Une belle chose n'est jamais parfaite".

L'idée était née lors de ma deuxième visite au Caire. Je prenais des photos dans une petite rue très délabrée, mais belle à mes yeux, à l'architecture ancienne en ruine. Un habitant m'a demandé pourquoi je prenais des photos et je lui ai répondu : "Regardez comme c'est beau ici !" L'homme a eu l'air confus et s'est éloigné.

Grâce à de telles interactions et aux recherches que j'ai effectuées sur le Caire, j'ai découvert qu'en 1925, le Caire a été désigné comme la plus belle ville du monde, devant des villes comme Paris et Londres. Un siècle très mouvementé plus tard, les touristes ne visitent plus la ville, ils vont voir les pyramides ou les principaux musées, puis s'en vont rapidement.

Je voulais faire une série qui montre vraiment la ville telle qu'elle est, les points communs de la vie. La joie, la tristesse, l'excentricité... des scènes de rue quotidiennes montrées d'un point de vue intéressant

J'utilise le Leica Q2 avec l'objectif fixe de 28 mm. C'est sur ce matériel que les photos de cette série ont été prises.

Ce qui a changé ma façon de faire de la photographie de rue, c'est que j'ai abandonné les zooms au profit d'un seul objectif. C'était important parce que cela enlève beaucoup de réflexion et de décisions de l'équation. Vous êtes obligé d'utiliser ce que vous avez.

La prise de vue avec le 28 mm est un processus de s’habituer. Je le compare toujours à un taureau, c'est une bête difficile à dompter. Il est très difficile de superposer une image parce qu'il est si large. Mais quand ça marche, ça marche vraiment bien. Il est également idéal pour le genre d'endroits où j'aime aller : les vieilles villes aux rues étroites. Dans ces endroits, un 35 mm serait trop étroit.

Je pense qu'un 28 ou un 35 mm sont tous deux parfaits pour débuter. Avec les nouveaux appareils photo à haute résolution, le 28 mm sera plus tolérant, par exemple si vous devez prendre un peu de recul. Le 35 mm, quant à lui, est plus polyvalent, car vous pouvez également l'utiliser pour les portraits et d'autres choses de ce genre. Je n'ai pas vraiment d'expérience au-delà de ces deux objectifs. Je n'ai jamais essayé de faire de la photo de rue avec un 50 mm, ce serait peut-être intéressant aussi.